coeur_1 (4 ko) Le symbolisme de la lettre N inversée




Introduction

Dans nos pérénigrations à travers la France, nous avons été souvent frappés par le grand nombre de graffitis sur les murs extérieurs des églises de campagnes, et par la présence de N inversés, soit en solitaires sur les murs, soit au sein de noms propres, le plus souvent des prénoms, signature de pélerins.

Le premier réflexe est de supposer une faute d'orthographe, ou plus exactement une erreur d'inattention, ou encore une erreur typographique de gaucher. Mais la présence, comme nous le verrons, de N inversés dans des signatures d'oeuvres d'art ne peut se satisfaire de cette simple explication.

Un premier point important est que, à notre connaissance, ces N inversés ne sont trouvés que sur des lieux religieux ou à caractères religieux. Cet état de fait se verra toutefois troublé par notre découverte de N inversés dans l'édition d'un jeu de tarot de Marseille. Auquel cas, nous affinerons le fait que le N inversé n'est pas limité à un statut religieux mais plus généralement spirituel, ce que nous développerons en fin de cette étude très révélatrice sur cet aspect.


Le N inversé dans les églises

• Nous l'avons retrouvé dans des grafittis sur les murs extérieurs sud de petites églises normandes.

• Nous en avons trouvé un dans un tableau de Signol, dans l'église Saint-Sulpice de Paris. Il s'agit du tableau de la Crucifixion, et le INRI (Jésus de Nazareth Rois des Juifs) sur la croix a son N inversé. Particularité de ce tableau: le N du nom de Signol dans l'encadré réservé à sa signature est aussi inversé.

Hypothèse: le N inversé dans le nom de Signol pourrait amener à retourner le nom complet: soit Longis, le nom du centurion romain qui perça le Christ de sa lance.

• Le INRI de la pierre tombale de l'abbé Saunière à Rennes-le-Château a son N inversé.

Nous réalisons que nous avons bien peu d'éléments en notre possession pour tirer des conclusions poussées, toutefois, certains de nos lecteurs (Gérard de Fontaine et Troubadour Cluzel, que nous remercions) nous ont fait parvenir une explication très judicieuse sur la raison de ces N inversés:

L'"inverse de N" est à lire en langue des oiseaux l'"inverse de Haine".

Or l'inverse de haine est l'"Amour".

Or il n'y aurait rien de plus normal que de retrouver l'Amour dans le symbole du Christ et donc dans les églises et les cimetières...

Cette explication si lumineuse nous semblait suffisante au premier abord. Jusqu'à ce que nous nous soyons penché sur les 2 cartes de tarot, qui ont beaucoup plus à dire...



Les N inversés des cartes de tarot

roue2.jpg (7927 octets)

Nous l'avons vérifié, aucune autre carte de ce jeu de tarot n'a de N inversé. Les autres N sont tous à l'endroit.

Nous en déduisons donc que l'inversion du N a été associée à ces deux cartes pour des raisons précises.

 

X - LA ROVX DE FORTVNE

Nous avons déjà eu l'occasion de rencontrer une carte de "La Roue de Fortune" dans notre étude sur la lettre X.

Dans cette carte-ci, il est à remarquer que le mot "Roux" porte un X au lieu d'un E, ce qui confirme bien tout ce que nous avons dit sur le rôle de moteur et de Centre du Monde de ce symbole, ainsi que de la présence du Sphinx couronné en haut de la roue.

Roux au lieu de Roue nous amène en plus au symbolisme de la couleur Rouge, couleur du sang, de la rose et du coeur, couleur symbolique du Centre du Monde comme nous le montrons dans notre étude sur le Dragon.

Rouge aussi comme la rouge ligne du Méridien de Paris et comme le Roux SION ou Roux Sillon dont se réclament certains protagonistes du mystère de Rennes-le-Château.

Roux enfin comme le tableau du Christ Roux dans l'église Saint-Roch à Paris, qui se trouve sur le tracé de la méridienne de Saint-Sulpice (la Rose ligne). Ce Christ tient une pelle et qui se présente devant une Marie-Madeleine a genoux.

Note: En langue des oiseaux (voir en particulier le décodage de Grasset d'Orcet) cela se lit Le Christ-Roi appelle Marie-Madeleine.

Observez bien encore le centre de la Roux de Fortune sur les cartes de tarot: il est toujours rouge.

Toutefois, si le X à la place du E confirme bien nos réflexions sur le X comme atteinte du Centre du Monde, quelle est la raison d'être du N inversé, qui n'a pu être mis là par erreur?

Un autre indice nous sera donné par Gracet d'Orcet, auteur célèbre du siècle dernier, une des plus grandes référence au sujet de l'utilisation de la langue des oiseaux (information tirée du livre "Fulcanelli et le Cabaret du Chat Noir", de Richard Khaitzine, p. 15).

Celui-ci nous dit qu'au court des siècles, certains maîtres de sociétés initiatiques utilisaient des signatures spécifiques et, en particulier, les Gilpins plaçaient dans leurs oeuvres un singe et un lapin. Ainsi en langue des oiseaux était reproduit le nom Singe Lapin ou "Saint Gilpin".

D'autres se sont amusés d'ailleurs plus tard à créer le cabaret du Lapin agile...


Maintenant, observez bien notre carte de la Roux de Fortune, vous y retrouverez, en plus du Sphinx dont nous connaissons la raison d'être désormais, un singe et un lapin en train de courir sur la roue!

On pourra nous rétorquer que le singe est difficile à voir. Disons qu'il est commun, par tradition pour cette carte, de citer le singe comme un des animaux présents. D'ailleurs le notre est reconnaissable à son visage humain et à sa queue d'animal. Car en effet, cet animal singe l'homme. De même que l'on dit que l'homme singe Dieu.

Par contre, d'habitude on ne voit pas dans l'autre animal un lapin mais un chien. Or on ne peut douter des longues oreilles de notre animal.

Nous avons donc là la signature d'un maître Gilpin, un X à la place du E de roue, et un N inversé. A partir de ce moment là, nous pouvons être certains que rien n'a été placé au hasard.

 

XII - LE PENDU

Observez maintenant le Pendu. Il est très intriguant dans le jeu de tarot que le pendu y soit toujours représenté très calme. Il semble à son aise, pas du tout comme on l'attendrait d'un supplicié.

C'est comme si, pour lui, "ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut".

Il croise sa jambe droite, faisant un angle droit avec son genou droit (formant ainsi un semblant d'équerre, soit dit en passant).

Il croise aussi ses mains derrière son dos.

Particularité très importante pour la suite: son pied gauche est tenu au ciel par un lien rouge.

Observons désormais le support du pendu:

Il s'agit de troncs d'arbres mal équarris, noirs ou gris, et à l'emplacement des souches des branches coupées, on peut voir l'intérieur qui est rouge comme un sang ou un fluide vital.

Il s'agit pour nous, on l'aura deviné, du Feu de Roux, caché à l'intérieur de l'écorce noire; c'est une image analogue à celle du feu caché dans la gueule du dragon.

Et c'est ce feu, qui, lié au pied gauche du pendu, fait le lien avec "ce qui est en haut". Il tient donc un rôle moteur d'Axe du Monde, pour garder un langage cohérent sur notre site.

Le N inversé du titre de la carte faisant le lien unique avec la carte X du Feu de Roux, nous ne pouvons douter de cet état de fait.

D'ailleurs, nous pouvons même affirmer que les cartes du Pendu et de la Roue de Fortune sont complémentaires dans le sens où, n'existant dans le jeu de tarot que 22 arcanes majeures, nos deux cartes X et XII forment le chiffre XXII (22).

Voici donc pourquoi ces deux cartes sont si liées, et voilà sans doute la raison pour laquelle le N inversé est commun à ces deux cartes.

A ce propos, nous avons extrait les photos de ces deux cartes d'un livre sur les symboles, consulté par le plus pur des hasards (mais ne serait pas une synchronicité?). Nous n'avions toutefois pas fait attention alors aux dessins fantômes en surimpression en fond de nos deux cartes.

Or nous reconnaissons sur la carte de la Roue de Fortune l'empreinte de la carte du Pendu et sur celle du Pendu, l'empreinte de la carte de la Roue de Fortune...

La question suivante mérite d'être posée: Cette empreinte a-t'elle été faite à dessein ou le possesseur des cartes s'est-il amusé à superposer les 2 cartes à cause de leurs N inversés ou de leur complémentarité?

La présence de la signature de l'imprimeur en surimpression implique la seconde hypothèse et confirme que nous ne sommes pas les seuls à avoir suivi la logique décrite ici.

Enfin, et nous allons considérer maintenant l'aspect géométiruqe du N inversé.

Car en effet, nous avons toujours considéré qu'il s'agissait d'un N inversé, dans le sens ou la symétrie se faisait par rapport à un axe vertical:

      I  
Le N inversé

Or il ne semble jamais être venu à l'esprit de quiconque que le N pouvait être en fait... renversé (ou retourné):


------------------

Le N retourné


C'est en tout cas ce que la forme de la barre plus épaisse nous incite à penser: le N retourné donne un vrai N typographique, alors que le N inversé garde toujours un quelque chose d'étrange, de non achevé.

Nous pourrions donc affiner notre vocabulaire: le renversement de N (le renversement de haine?) est l'Amour.

Enfin, et pour en terminer avec cette carte, le chiffre XII (12) est le chiffre de l'élection (les douze apôtres du Christ par exemple).

En effet, comme nous le développerons dans la dernière partie de cette étude sur la véritable signification de l'Amour, l'élu est l'acrobate qui se sera "retourné", celui pour qui "ce qui est en haut est comme ce qui est en bas".

 

De la véritable signification de l'Amour en matière initiatique

Le renversement de N, l'Amour donc, associé à la carte de la Roux de la Fortune, ou Centre du Monde, nous amène à réfléchir à un symbole très connu:

En effet le symbole commun à l'Amour et au Centre du Monde est... le Coeur.

 

En rapport à notre démonstration, la carte VI du tarot, dont les chiffres romains forment un N inversé.

Ce n'est pas un hasard puisqu'il s'agit justement de la carte de l'Amoureux et que l'Eros-archer vise le coeur du personnage central. A noter qu'il n'existe pas de carte IV (que l'on peut autrement appeler carte "Haine") dans le tarot, la quatrieme arcane majeure étant en effet notée IIII.

A remarquer aussi que, dans notre jeu ancien, "Amoureux" est écrit "Amourex", Rex signifiant le Roi en latin: il semblerait donc bien qu'il s'agisse là de l'élu par l'Amour...



Nous allons maintenant essayer de décrire ce que dit l'ésotérisme chrétien sur l'Amour, ainsi que son pendant dans l'imagerie alchimique.

Ainsi, l'être humain, nous dit la Bible, est composé d'un corps, d'une âme, et d'esprit. L'alchimie dit la même chose pour toute la matière de l'univers.

Le corps est la manifestation matérielle de notre esprit.

L'âme est le centre de nos émotions: l'amour, la haine, l'envie, la joie, la tristesse, etc...

Ces émotions, nous les visualisons et ressentons communément dans notre coeur. Ce qui a amené d'ailleurs l'antiquité a déclarer que l'âme, se trouvait logé dans le coeur.

Enfin l'esprit est le moteur de notre âme. C'est l'étincelle de Dieu en nous. Et elle se trouve localisée au sein de l'âme, derrière la couche bien humaine des sentiments. Ressentir son esprit serait ainsi découvrir la Grâce, l'Amour de Dieu.

Portrait de Saint-Augustin



"Connais-toi toi-même"

Si vous avez bien suivi tout le symbolisme décrit sur ce site, vous avez certainement deviné où nous voulons en venir: atteindre son esprit, qui se trouve cachée derrière les sentiments de l'âme, c'est atteindre le Centre du Monde, canal direct avec Dieu.

Or cet esprit se trouve en nous derrière les sentiments corporels de notre coeur.

L'Esprit se trouve donc réllement au Centre de notre Coeur.

D'où la différence entre l'amour (âme) et l'Amour (esprit). L'un est sentiment humain, l'autre est état surhumain.

L'Amour est le moteur du monde et chacun d'entre nous en a une étincelle (Sel d'Etain?) dans son coeur. L'atteindre, la Bible et les philosophes alchimistes le disent, est un jeu d'enfant. Mais c'est aussi de façon contradictoire le jeu le plus difficile, car il faut apprendre à dissocier ses sentiments humains de l'Amour véritable...

D'où aussi la nécessité des chevaliers de nos légendes d'avoir un coeur pur pour aboutir à leurs quêtes spirituelles, car toute pollution du coeur par l'âme (l'envie, l'amour pour une femme, la haine) ferme le canal vers l'esprit au centre du coeur. Ainsi des échecs de Perceval, coupable de la mort de sa mère, de Lancelot, coupable d'un amour interdit envers Guenièvre, etc... Seul Galaad, nouvel archétype du Christ, sans la moindre attache sur terre, parvient au but ultime.

 

Pour revenir à l'état de Grâce, le canal avec l'esprit ainsi créé lors de l'atteinte du Centre du Coeur permet les intuitions illuminatrices, les révélations, les coïncidences inexplicables... Nombre de gens expérimentent ces illuminations lors de leur quête spirituelle (les synchronicités par exemple). L'atteinte du Centre du Monde permettrait de reproduire cet état "surhumain" à volonté. Et le travail de l'alchimiste, à notre avis, revient à créer les conditions qui permettent d'atteindre cet état, voire même ultimement de s'y fondre et disparaitre (c'est ce que dit la légende, voir en particulier la disparition mystérieuse de Fulcanelli).

 

Aussi nous devinons la signification du N renversé sur les tombes: le mort déclare ainsi avoir atteint la Grâce et dépassé l'état de mortel... Et Jésus en tant qu'émanation de Dieu sur Terre justifie bien l'emploi du N renversé dans le terme INRI.

Celui qui appose un N renversé sur sa tombe ou sur ses oeuvre, déclare sa condition d'élu.

Image extraite d'un traité d'alchimie. A la lumière de ce que nous ne cessons de décrire de manières différentes sur ce site, il est aisé d'en décoder le sens véritable en langage des oiseaux:

Des têtes d'oies sortent de la base de coeurs. Ce qui se dit : "Oyes les coeurs" ou encore "Ecoutez les coeurs".

Enfin la forme générale, similaire au Swastika ou à la roue celtique, est celle d'une roue en mouvement avec, au centre des trois coeurs... le Centre de la Roue, moteur du Monde, Feu de Roux, étincelle de Dieu.



 

Le symbolisme du retournement

En annexe, nous voudrions rappeler que le Christ s'est retourné plusieurs fois dans le Nouveau Testament. Nous citerons deux cas:

  • Une première fois dans le désert, lors de son combat avec Satan. Il résista à la tentation et se retourna pour ne plus voir l'Ange déchu.

Cela s'interprète comme le fait que, par la tentation, Satan a commencé à "terrasser" le Christ (à le fixer sur terre, donc à le rendre plus humain, avec des sentiments de désirs). Or ce dernier, en résistant et en se retournant, retourne à son état divin.

  • Jésus se retourna, enfin, lors de sa montée en croix, du moins sur certaines peintures religieuses. La légende dit en effet que le Christ grimpa sur une échelle afin d'atteindre sa position au centre de la croix. Il lui fait donc face (ainsi qu'à la ville de Jérusalem d'ailleurs). Puis, pour prendre position pour la crucifixion, il seretourna.

L'interprétation en est aisée. C'est le même symbolisme que celui développé avec la carte du Pendu :

La montée de l'échelle peut s'entendre comme soit une élévation spirituelle, soit plutôt comme un ascension vers l'Unité Divine (voir le symbolisme de l'échelle alchimique à 9 barreaux en page centre du Monde, le dixième barreau invisible 10=1 étant le retour à l'Unité). C'est le symbolisme du parcours le long de l'Axe du Monde.

Le Centre de la croix est ici le symbole vrai du Christ, dieu fait homme. Comme nous l'avons montré aussi en page centre du Monde, Jésus, en tant que Christ, ne pouvait que mourir sur une croix (ce qui rend le travail des prophète de l'ancien testament bien plus facile, n'est-ce-pas?). C'est le symbolisme de l'atteinte du Centre du Monde. C'est l'atteinte de l'état de Grâce, de la communication directe avec Dieu.

Il se retourna, il passa ainsi du status de Dieu fait homme et roi des juifs, à celui d'homme fait Dieu et Roi du Monde. Il lui fallut pour cela mourir, et ressusciter. C'était (ana)logique et prévisible...

 

Retour à l'index du site

Document téléchargeable au format PDF compressé

(Cliquer avec le bouton droit de la souris pour sauvegarder le fichier sur votre disque)

 

Ninverse.zip (582 kb) - 12 décembre 2001